L’opéra est-il autant élitiste qu’il y paraît? A en croire les affiches du Grand Théâtre de Genève (voir photo ci-contre), il n’en est rien: l’opéra semble accessible à tous ceux qui l’apprécient, même au jeune skater au style bien éloigné du mélomane chaussé de mocassins vernis. Pourtant, si aimer l’opéra est une chose, pouvoir se l’offrir en est une autre.
La valse des prix
Outre les abonnements annuels, les prix pour une soirée sont les mêmes durant toute une saison, mais varient en fonction de l’âge, du statut du spectateur (étudiant, AVS, etc.) et, surtout, de l’emplacement du siège. Dans tous les établissements, il existe en effet plusieurs catégories qui séparent les meilleures places – les plus chères – des plus mauvaises – bien plus économiques.
Au Grand Théâtre de Genève, les adultes paient entre 29 fr. pour la dernière catégorie «G» à 289 fr. pour le «Carré d’Or». Les jeunes de moins de 26 ans et les étudiants bénéficient d’une réduction de 25% à partir de la troisième catégorie (voir tableau). Un effort est donc bel et bien entrepris pour que les jeunes sans beaucoup de moyens puissent aussi se rendre à l’opéra. Avec un bémol toutefois: les places à 22 fr. sont particulièrement mal placées, au fin fond du troisième balcon.
Au Théâtre de Beaulieu à Lausanne, huit catégories de prix sont proposées, de 20 fr. à 135 fr. pour les adultes et de 15 fr. à 115 fr. pour les enfants, les étudiants et les chômeurs (autres réductions aussi pour les retraités et les bénéficiaires de l’AI). Par ailleurs, quelques minutes avant le lever du rideau, les places encore libres, toutes catégories confondues, sont proposées aux étudiants et aux écoliers pour 15 fr.
Selon Eric Vigié, directeur de l’Opéra de Lausanne, ces tarifs sont établis sur la base de l’exigence tant artistique, vocale que musicale présentée, mais dépendent aussi de la hauteur de la subvention accordée par la ville. Démocratiser l’opéra, c’est donc avant tout un choix politique. Quant au prix maximal de 135 fr., il le juge «moyen» pour un théâtre de ce niveau et semblable aux tarifs proposés dans la zone euro. Mais également raisonnable comparé à d'autres établissements où les prix peuvent facilement atteindre le double.
Tenter sa chance
A Zurich, les tarifs diffèrent selon les représentations. Par exemple, pour voir Cosi fan tutte de Mozart ou Carmen de Bizet, il faudra débourser entre 35 fr. et 230 fr. En revanche, pour découvrir Otello ossia il Moro di Venezia de Rossini, la fourchette s’étend de 38 fr. à… 320 fr.! A noter que, pour les étudiants et les écoliers, des rabais sont également accordés: 20 fr. au guichet 90 minutes avant le lever du rideau, dans la limite des places disponibles.
Enfin, à Fribourg, les places les plus avantageuses pour voir Madame Butterfly de Puccini, en février 2012, étaient vendues de 40 fr. (strapontin) à 87 fr. Pour les étudiants, les enfants et les apprentis, 20 à 30 places étaient réservées et disponibles à la caisse une demi-heure avant la représentation avec un rabais de 50%. Afin de contourner le plein tarif, un jeune peut donc tenter sa chance le soir même du spectacle, sans pour autant être certain d’y assister.
Mieux vaut prévoir
Pour avoir la possibilité de choisir sa place et éviter de revenir fauché après une soirée à l’opéra, il est de toute façon recommandé d’anticiper sa réservation plusieurs mois à l’avance. Car quelques semaines avant la date programmée, le choix des places restantes risque bien d’être limité. Et, surtout, les moins chères seront sans doute déjà prises, comme nous avons pu le constater en nous rendant sur les sites de vente en ligne des Opéras de Genève et de Zurich.
Marie Tschumi
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.