L’incertitude (et le mot est faible…) qui règne actuellement sur les marchés financiers n’est pas de nature à rassurer les investisseurs. La Bourse étant au plus mal, vous avez malgré tout décidé d’y placer votre argent, en pensant acheter au plus bas, et donc au meilleur moment, pour revendre au plus haut et faire ainsi gonfler votre bas de laine. Malheureusement, aucune formule magique n’existe pour empocher le pactole à coup sûr. Il est toutefois possible de minimiser les risques en respectant certaines règles. Dix conseils.
1 / Définissez votre profil d’investisseur
Les marchés étant par définition très instables, il est primordial de décider des montants à placer et des risques que vous êtes prêt à courir. Les prudents qui veulent assurer le maintien de leur capital, quitte à ce que cela leur rapporte peu, opteront pour une stratégie conservatrice. Convaincus que les marchés montent toujours sur le long terme, les téméraires se tourneront plutôt vers une stratégie dite risquée ou growth.
2 / Ne placez pas l’argent du ménage!
Dans tous les cas, ne misez jamais une somme d’argent dont vous pourriez avoir besoin à court terme. Le risque est grand que, au moment où vous en avez besoin, ce soit la pire période pour vendre. Les pertes enregistrées peuvent, par conséquent, être importantes.
3 / Gardez votre sang-froid
Les fluctuations de cours sont parfois extrêmes, faisant alterner les période d’euphorie et de blues. Si vos nerfs ne sont pas suffisamment solides pour supporter de voir votre portefeuille jouer aux montagnes russes, n’investissez pas en Bourse!
4 / Diversifiez votre portefeuille
Comme le dit la sagesse populaire, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier. En clair, ne misez pas tout votre argent sur un seul titre. Son cours peut en effet baisser brutalement ou, pire encore, la société peut faire faillite. Choisissez-en au contraire plusieurs, en variant les sociétés, les secteurs d’activité et les zones géographiques. Exemple: n’investissez pas uniquement dans les pharmas, mais aussi dans les transports. En cas de turbulences, la chute de certains titres pourra ainsi être compensée par la hausse des autres.
5 / Ne jouez pas au pro
La Bourse n’est pas un casino. N’achetez que les produits dont vous maîtrisez parfaitement le fonctionnement. Certes, les warrants, hedge funds, options et autres ETF exotiques affichent parfois des rendements mirobolants (lire encadré). Mais les désastres qu’ils provoquent le sont tout autant!
6 / Pas de suivisme
Tout comme les vêtements, les actions sont soumises aux effets de mode. Leur prix atteint alors des sommets sans relation avec la valeur réelle de l’entreprise. Le retour de manivelle peut être extrêmement douloureux. En général, lorsque ces pseudo-bonnes affaires sont médiatisées, les gens bien informés en ont déjà profité!
7 / Apprenez à vendre
Tout investisseur rêve d’acheter au plus bas pour revendre au plus haut. Dans la réalité, c’est pourtant rarement le cas. A trop vouloir s’enticher de ses titres, on risque de devoir les céder en catastrophe au moment où ils ont atteint le plancher. Or, comme le dit l’adage, mieux vaut se couper la main que le bras. Autrement dit: mieux vaut vendre à perte et réaliser une légère moins-value (10% par exemple) que de s’entêter à conserver ses titres, en espérant une hypothétique remontée, et constater au final un recul de 50%!
8 / Méfiez-vous des cours trop bas
Une action bon marché n’est pas forcément synonyme de bonne affaire. Le risque qu’elle le reste est en effet bien réel. Interrogez-vous donc plutôt sur les raisons de ce cours si bas. Et attendez qu’une remontée durable confirme la meilleure santé de l’entreprise avant d’y investir votre argent.
9 / Considérez les frais de transactions
Les frais de courtage, les droits de garde et le timbre fédéral grèvent les rendements. Veillez donc à ne pas multiplier les opérations.
10 / Ajustez votre portefeuille
Suivez l’évolution de vos titres et tenez-vous informé de la situation économique. De surcroît, on n’investit pas de la même manière à 20 ans ou à 50 ans. Par conséquent, suivez attentivement l’évolution de votre portefeuille et modifiez sa composition une fois par an en fonction de vos besoins.
Exemple: votre portefeuille, d’une valeur de 100000 fr., est composé de 10% (10 000 fr.) de liquidités, de 70% d’obligations (70 000 fr.) et de 20% d’actions (20 000 fr.). Votre profil est donc peu risqué.
Supposons maintenant que les liquidités et les obligations restent stables, mais que vos actions doublent de valeur en une année (si, si ça arrive!). Elles atteignent donc 40 000 fr. Leur part représente maintenant 33,33% de votre portefeuille (40000/120000). Celle des obligations et des liquidités est en revanche tombée à respectivement 58,33% et 8,33%. Pour revenir à la situation de départ (20% d’actions, 70% d’obligations et 10% de liquidités), vous devrez donc réduire la part d’actions de 16000 fr. (24000/120000 = 20%) et acheter des obligations pour 14000 fr. (84000/120000 = 70%). Il restera ainsi 2000 fr. en liquidités pour revenir au pourcentage d’origine 12000/120000 = 10%.
Chantal Guyon
Hedge funds: prudence!
N’entre pas dans un hedge fund qui veut. La mise de départ étant très élevée, au minimum 100 000 fr. pour les plus accessibles d’entre eux, ils sont donc réservés aux investisseurs institutionnels ou aux gens très fortunés.
Toutefois, les petits épargnants peuvent y accéder par des fonds de hedge funds, soit des fonds qui investissent eux-mêmes dans plusieurs hedge funds. Ils offrent certes l’avantage de la diversification, mais ils présentent également de nombreux risques. Leurs sous-jacents (les hedge funds) visent en effet des rendements positifs, même en temps de crise. Moins réglementés que les fonds traditionnels, ils ont donc massivement recours à des techniques permettant de spéculer pour atteindre leurs objectifs (utilisation de produits dérivés, vente à découvert, effet de levier). Les risques encourus sont, dès lors, considérables et les pertes peuvent être abyssales.
A moins d’en maîtriser parfaitement le fonctionnement et d’être en mesure de comprendre ce qui va influencer positivement ou négativement la performance des fonds, mieux vaut renoncer à ce type de placement.